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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/59

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


m’était arrivé, mais je ressentis tout le jour la brûlure et la douleur d’une blessure. Désenchantée, je remis l’instrument dans sa cachette. J’étais mécontente et j’en voulais à Marguerite de ne m’avoir pas aidée et de m’avoir laissé faire quelque chose de maladroit.

Après tant d’expériences agréables, celle-ci était pénible. Je craignais la nuit, les tendresses de Marguerite et sa découverte. Comme je l’avais déjà trompée, je ne fus pas embarrassée de le faire encore une fois. Après souper, je lui confiai que j’étais tombée d’une échelle, que je m’étais blessée à la jambe et que j’avais même saigné. Au lit, elle m’examina et loin de se douter de ce qui était arrivé, elle me confia que cette chute m’avait coûté ma virginité. Elle ne me plaignit point, mais bien mon futur mari qui se trouvait ainsi frustré de mes prémices. Cela m’était bien égal alors et me le fut aussi plus tard ! Pour ne point me fatiguer, Marguerite me renvoya dans mon lit cette nuit-là. Je le désirais aussi. Elle m’enduisit de cold-cream, ce qui me fit beaucoup de bien. Le lendemain matin, je n’avais plus aucun mal. Et les deux dernières nuits que je passai encore à la campagne de mon oncle me dédommagèrent de cette courte privation. Je connus alors pour la première fois toute la jouissance de la volupté, et je la connus tout entière autant qu’aucune femme peut la connaître. Les sources du plaisir s’écoulèrent si complètes qu’il ne me resta plus un seul désir. L’assouvissement m’écrasa d’une fatigue entière et délicieuse.