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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/66

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


tact de deux corps féminins des délices toujours renouvelées. Marguerite me déclara que cette époque était la plus heureuse et la plus voluptueuse de sa vie.

La baronne allait toutes les semaines à Genève pour faire des achats et rendre des visites. Le majordome l’accompagnait chaque fois, et Marguerite fut aussi de ces petits voyages quand elle devint plus intime avec la baronne. Celle-ci retenait toujours le même appartement dans un des plus grands hôtels, un salon, une chambre à coucher, un petit cabinet pour Marguerite et, à côté de celui-ci, un cabinet pour le majordome. Les portes de chaque chambre donnaient sur le corridor ; les portes de communication entre les chambres étaient fermées ou masquées par des meubles. Dès que Marguerite eut fait plusieurs fois ce voyage à Genève, elle remarqua qu’il s’y passait quelque chose de particulier que la baronne lui cachait. La toilette ne se faisait plus de la même façon et, ni soir, ni matin, il n’y avait plus d’abandons féminins. Dans la journée, la baronne paraissait agitée, inquiète, nerveuse ; son linge de nuit et son lit révélaient distinctement qu’elle n’avait pu passer la nuit toute seule. Le lit était toujours en grand désordre, les chaises étaient renversées et le linge de la toilette montrait des signes encore plus distincts. Marguerite la surveillait avec une espèce de jalousie. Elle inspectait chaque lettre, guettait chaque visite et chaque commissionnaire. Elle ne pouvait rien découvrir. À chaque voyage pourtant, elle était toujours