plus convaincue que la baronne ne passait pas la
nuit seule. En vain elle écoutait aux portes. La
baronne fermait non seulement la porte du corridor,
mais aussi celle qui menait du salon à sa chambre à
coucher. Il était impossible d’écouter longtemps à la
porte du corridor, car il y passait sans cesse des
voyageurs et des domestiques de l’hôtel. Marguerite
passa des nuits entières à sa porte entr’ouverte pour
voir si quelqu’un entrait ou sortait de chez la baronne.
Cette surveillance et cet espionnage durèrent plusieurs
mois, et un beau jour le hasard lui révéla tout. Une
nuit un incendie éclata dans le voisinage immédiat de
l’hôtel ; L’hôte fit réveiller tous les voyageurs pour
les avertir du sinistre. Marguerite se précipita chez
la baronne qui vint, épouvantée, lui ouvrir. Les
reflets de l’incendie pénétraient par la fenêtre. La
baronne était si terrifiée qu’elle pouvait à peine
parler et semblait avoir perdu ses esprits. Marguerite
embrassa d’un seul coup d’œil toute la chambre
et eut enfin l’éclaircissement désiré. L’armoire, qui se
trouvait devant la porte de la chambre d’à côté, était
éloignée, du mur. Quelqu’un pouvait facilement passer
derrière. Un habit d’homme était sur une chaise
devant le lit, et sur la table de nuit traînait une montre
d’homme avec des breloques. Il n’y avait plus de
doute possible. La baronne remarqua que Marguerite
voyait ces objets, mais elle était trop troublée
pour dire quelque chose. Marguerite empaqueta tous
les effets de la baronne pour pouvoir fuir au bon
moment, et elle remarqua ainsi une autre chose en
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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS