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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/70

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


de la chambre contiguë. Elle pouvait aisément observer tout ce qui se passait chez la baronne. Celle-ci, renversée sur le lit, était dans les bras du comte, qui lui couvrait le cou, la bouche et les seins de baisers brûlants, tandis que sa main, qui lui caressait les seins, remontait à tout moment vers le front et les beaux cheveux blonds de la baronne. La baronne était une très belle femme ; ses charmes pourtant ne fixèrent point les yeux de Marguerite qui se portèrent, pleins de curiosité, sur ce qu’elle ne connaissait pas encore. Le prince se déshabilla rapidement, il était aussi beau que robustement bâti. Marguerite voyait pour la première fois ce que nous, femmes, nous osons bien ressentir, mais dont nous n’osons pas parler. Quel fut son étonnement de voir la baronne l’enfermer dans une chose semblable à celle qu’elle avait cachée d’abord dans son mouchoir, puis jetée sur la route de Morges et qu’elle sortit d’une boîte posée sur la table de nuit ! Cette chose, terminée à l’un de ses bouts par un cordon rouge, était l’invention du célèbre médecin français Condom. Après avoir terminé cette étrange toilette, elle regarda de toutes parts, comme pour voir si personne ne l’épiait. Puis elle écouta avec volupté les paroles douces et tendres que le comte lui murmurait. Elle lui en disait autant en caressant sa jolie tête bien frisée. Ils paraissaient s’aimer depuis longtemps et bien se connaître, car ils n’avaient aucune gêne. Marguerite n’en vit pourtant pas autant que moi de mon alcôve, car la baronne remonta la couverture. Elle ne voyait que les deux