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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/69

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


ridor, il l’entraîna dans sa chambre, l’embrassa, lui tâta les seins et sut, malgré sa défense énergique, se convaincre qu’elle était par ailleurs tout aussi jeune et bien faite. Pendant que la main du jeune homme se divertissait ainsi de la plus agréable façon, Marguerite examinait la chambre. Elle remarqua la porte qui menait à la chambre de la baronne et elle eut vite conçu son plan. Le prince voulait immédiatement la chose sérieuse, mais se heurta à une résistance irritée. Il se contenta de la promesse que Marguerite lui fit de venir la nuit, quand sa maîtresse serait endormie. Elle ne voulait venir que tard après minuit, quand le corridor serait sombre. Il réfléchit, et Marguerite s’amusait beaucoup de savoir à quoi il pensait. Mais cette nouvelle connaissance fut plus forte que ses scrupules, il lui donna rendez-vous à une heure. Elle se fit remettre la clé de la chambre afin de pouvoir rentrer au bon moment. Elle triomphait. Elle fixa son plan dans les moindres détails. La baronne congédia Marguerite à dix heures et ferma soigneusement les portes derrière elle. Mais au lieu de rentrer chez elle, Marguerite écouta à la porte de la baronne. Au bout d’un instant, celle-ci chantonna une mélodie, ce qu’elle ne faisait jamais ; puis elle heurta légèrement à la paroi. Marguerite entendit que l’on remuait l’armoire et que la porte s’ouvrait. Elle savait maintenant que le comte était chez la baronne ; elle se précipita dans la chambre du Russe et entra sans bruit, après s’être assurée que personne ne la remarquait. Un rayon de lumière venait par la porte entr’ouverte