Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


82
L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


ne sont pas aussi violents. Cette remarque est exacte ; malheureusement, je ne puis pas y répondre. Et pourtant mes observations et mes expériences personnelles m’ont convaincue de plus en plus que la sensualité consciente n’est pas aussi développée chez la femme que chez l’homme ; elle s’éveille, est peu à peu provoquée, et c’est seulement entre trente et quarante ans qu’elle est aussi exigeante chez la femme que chez l’homme. Il m’est incompréhensible que tant de femmes se laissent si facilement séduire pour leur malheur quand elles ne sont en rien les complices de l’homme. Je ne suis jamais arrivée à trouver une explication à cette contradiction. Rien n’est favorable à l’homme quand il veut pousser une de ces innocentes à s’abandonner complètement. La douleur physique de la première approche est si grande que c’est un avertissement, cela incite à réfléchir et à ne pas aller plus loin dans le sentier du mal. La crainte des suites inévitables les retient aussi, car bien peu de jeunes filles sont assez sottes pour ne pas savoir ce qu’elles risquent. Les statues, les tableaux, le spectacle de l’accouplement des animaux, les lectures inévitables, les conversations de pensionnat, etc., tout instruit la plus naïve comme si elle avait les mille yeux d’Argus. Oui, et pourtant je dois vous l’avouer, et je ne trouve pas d’autre explication, ce sont la curiosité et le besoin de se donner entièrement à l’homme aimé qui les poussent. Mais combien se donnent sans amour ? Combien pleurent et sanglotent sans se défendre ? Ceci est un des plus admi-