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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/86

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


rables mystères de la nature ; c’est un des exemples les plus caractéristiques de sa puissance et de la force d’attraction qu’elle impose, même aux tempéraments les plus taciturnes.

Du lion aux animaux domestiques, la famille entière des chats s’accouple dans la douleur et met bas dans la volupté (c’est justement le contraire qui arrive chez tous les autres êtres vivants) et la femelle s’offre quand même à la douleur de l’accouplement. Qui éclairera ce problème ? Combien de jeunes filles m’ont avoué en pleurant qu’elles ne savaient pas comment c’était arrivé. « Sa prière était si douce ! ». « C’était si chaud, si divin ! » « Elle avait eu si honte ! » Toutes ces phrases n’expliquent rien. Il est donc bien étrange que moi, qui ai un tempérament si ardent (je puis bien vous l’avouer, car vous n’allez pas en profiter), la nature m’ait donné une raison assez forte pour échapper longtemps, longtemps à ces dangers. Je ne puis raconter que ce que j’ai ressenti et pensé personnellement quand l’heure fatale arriva aussi pour moi ; je le ferai avec pleine sincérité en vous parlant de cette époque-là de ma vie. Aucune des explications données ne suffit donc pour résoudre cette énigme millénaire qui ne sera probablement pas résolue. Ce n’est pas par hasard que l’histoire du monde commence par la curiosité d’Ève et la jouissance du fruit défendu. Les sages qui placèrent ce mythe au début de l’histoire du genre humain savaient que ceci est le centre, le point d’appui, le mystère de l’histoire du monde ; sauf que la jouissance