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Page:Scribe - Bertrand et Raton, ou l'Art de conspirer, 1850.djvu/1

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BERTRAND ET RATON,


ou


l’Art de conspirer

Comédie en cinq actes et en prose,


par

M. Eugène SCRIBE ;

Représentée pour la première fois sur le Théâtre Français,
le 14 novembre 1833.


PERSONNAGES

MARIE-JULIE, reine douairière, belle-mère de Christian VII, roi de Danemarck, Mlle Brocard.

LE COMTE BERTRAND DE RANTZAU, membre du conseil sous Struensée, premier ministre, M. Samson.

FALKENSKIELD, ministre de la guerre, membre du conseil sous Struensée, M. Charles Mangin.

FRÉDÉRIC DE GŒLHER, neveu du ministre de la marine, M. Firmin.

CHRISTINE, fille de Falkenskield, Mlle Alex. Noblet.

KOLLER, colonel, M. Gefroy.

RATON BURKENSTAFF, marchand de soieries, M. Duparai.

MARTHE, sa femme, Mlle Rose Dupuis.

ÉRIC, son fils, M. David.

JEAN, son garçon de boutique, M. Regnier.

JOSEPH, domestique de Falkenskield, M. Arsène.

UN SEIGNEUR DE LA COUR, M. Mathieu.

LE PRÉSIDENT DE LA COUR SUPRÊME, M. Albert.


La scène se passe à Copenhague, en janvier 1772.


ACTE PREMIER.

Une salle du palais du roi Christian, à Copenhague.
À gauche, les appartements du roi ; à droite, ceux de Struensée.

Scène I.

KOLLER, assis à droite ; du même côté, DES GRANDS DU ROYAUME, DES MILITAIRES, DES EMPLOYÉS DU PALAIS, DES SOLLICITEURS, avec des pétitions à la main, attendant le réveil de Struensée[1].
KOLLER, regardant à gauche.

Quelle solitude dans les appartements du roi ! (Regardant à droite.) Et quelle foule à la porte du favori !… En vérité, si j’étais poète satirique, ce serait une belle place que la mienne ! capitaine des gardes dans un palais où un médecin est premier ministre, où une femme est roi, et où le roi n’est rien ! Mais patience ! (Prenant un journal qui est sur la table à côté de lui.) Quoi qu’en dise la Gazette de la cour, qui trouve cette combinaison admirable. (Lisant bas.) Ah ! ah ! encore un nouvel édit.

(Lisant.) « Copenhague, 14 janvier 1772. Nous Christian VII, par la grâce de Dieu roi de Danemarck et de Norwège, avons confié par les présentes à son excellence le comte Struensée, premier ministre et président du conseil, le sceau de l’état, ordonnant que tous les actes émanés de lui soient valables et

  1. On a observé dans l’impression, l’ordre des places des personnages, en commençant par la gauche des spectateurs (ce qui est la droite des acteurs). Les changements de place qui ont lieu dans le cours des scènes sont indiqués par des renvois au bas des pages.