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Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/113

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(Riant.) Et puis, réfléchissez… raisonnez, Bolingbroke, car cette pauvre duchesse que j’ai accusée aussi… je ne sais pas comment cela ne m’était pas venu à la pensée… si elle avait aimé Masham, est-ce qu’hier elle l’aurait ainsi dénoncé devant toute la cour et fait arrêter par vous ?

BOL., à demi-voix. Et si elle n’avait cédé alors qu’à un mouvement de colère et de jalousie… dont elle se repent maintenant ?

LA REINE. Que voulez-vous dire ?

BOL., riant, et toujours à demi-voix. La duchesse avait soupçonné… ou cru deviner… qu’hier au soir, Masham devait avoir une entrevue mystérieuse…

LA REINE, à part. Ô ciel !

BOL. Avec qui ?… on l’ignore !… Il est même douteux que ce soit vrai… mais, si Votre Majesté le désire… je saurai… je découvrirai…

LA REINE, vivement. Non… non, c’est inutile…

BOL. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’hier au soir, à la même heure, après le cercle de Votre Majesté, la duchesse devait avoir chez elle, un rendez-vous avec Masham.

LA REINE. Un rendez-vous !

BOL., vivement. Oui, madame !

LA REINE, avec colère. Hier !… avec lui !… ils s’entendaient… ils étaient donc d’intelligence ?

BOL., vivement et avec chaleur. Et, jugez aujourd’hui de son désespoir et de son regret, d’avoir, dans son dépit, renoncé à sa place de surintendante ! Privée de son pouvoir et de