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Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/120

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pour une affaire grave et importante… pour savoir jusqu’à quel point on m’abusait… pour connaître enfin la vérité !

ABIG. Ce qui est bien permis ! surtout à une reine !

LA REINE. Tu crois ?

ABIG. C’est un devoir ! (Vivement) et puis enfin qu’aurait-elle à dire ?… Vous ne l’avez pas vu (À part.) grâce au ciel ! (Avec satisfaction.) Et maintenant qu’il est prisonnier… c’est impossible !

LA REINE, avec embarras. Et si cela ne l’était pas ?

ABIG., effrayée. Que voulez-vous dire ?

LA REINE, avec joie. Tu ne sais pas, Abigaïl, il va venir, je l’attends !

ABIG., vivement. Vous, madame ?

LA REINE, lui prenant la main. Qu’as-tu donc ?

ABIG., avec émotion. Je tremble !… j’ai peur

LA REINE, avec reconnaissance et se levant. Pour moi !… Rassure-toi !… aucun danger…

ABIG. Et si la duchesse le savait dans le palais… dans votre appartement !… à une pareille heure !… Mais non, Votre Majesté l’espère en vain… Masham est confié à la garde de Bolingbroke qui ne peut, sans s’exposer lui-même, lui rendre la liberté… et c’est impossible…

LA REINE, lui montrant la porte du fond à gauche qui vient de s’ouvrir. Tais-toi ! le voici !

ABIG., voulant courir à Masham. Ô ciel !

LA REINE, la retenant. Ne me quitte pas !

ABIG., avec jalousie. Oh ! non madame, non certainement !