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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/126

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Cependant, Gasperini, dans une correspondance adressée à la Gazette de Cologne, déplorait la mesquine et glaciale exécution de la bacchanale par les sirènes de l’Opéra. Le contraste de cette musique endiablée avec « cette orgie de pensionnat » lui a semblé ridicule.

Dans la Revue des Deux-Mondes du 1er avril[1], Scudo savoura longuement le plaisir d’exterminer Wagner comme librettiste, comme théoricien et comme compositeur.

« L’ouverture, dit-il, — et son jugement implique ou la plus insigne mauvaise foi, ou l’absence totale de compréhension artistique, — est un grand corps mal bâti où l’on remarque une interminable phrase dessinée par les violons, qui dure plus de cent mesures. Sur ce trait persistant qui paraît avoir un sens profond, puisque l’auteur le fait revenir plusieurs fois dans le cours de sa légende, les instruments à vent, particulièrement les trombones, jettent une sorte de clameur accentuée (?) qui forme la péroraison de cette mystérieuse préface. L’ouverture en soi n’est pas bonne, le coloris en est terne et la charpente défectueuse. » Si l’ouverture n’est pas bonne, naturellement Scudo ne juge pas meilleurs la scène de la bacchanale, l’air du pâtre et le finale du premier acte « qui n’a excité dans le public que les éclats d’un rire rabelaisien ».

Son humeur s’adoucit à partir du second acte.

  1. Cet article a été réimprimé dans l’Année musicale 1861 du même auteur, 1 vol. in-18, Paris, 1862, Hachette.