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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/128

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est moins acerbe, mais également partial. Le compte rendu de la Gazette musicale, signé Paul Smith (Ed. Monnais), n’a aucune valeur. Le chroniqueur y reproduit deux fois cette plaisanterie grivoise : « Tannhœuser s’est jeté à corps perdu dans les délices du Venusberg, traduisez ce mot comme il vous plaira… Le Saint-Père lui refuse sa grâce et le noble chevalier retourne au Venusberg[1] : traduisez toujours comme il vous plaira !… »

Franck-Marie, dans la Patrie[2], fut le seul à prendre la défense de Wagner. Il déplore l’animosité témoignée par ses confrères à l’égard d’un compositeur qu’il qualifie de « grand musicien » et qu’il compare à Beethoven et à J.-S. Bach. Très bienveillant en somme, mais si certaines parties de Tannhœuser lui paraissent être des pages sublimes » et s’il juge l’orchestration « constamment admirable » il exprime néanmoins ces réserves : « Son génie est impropre à la production du drame lyrique ; il nous semble complètement approprié à la symphonie… Wagner nous offre le navrant spectacle d’une grande intelligence égarée par l’admiration irréfléchie de tout un peuple. — Le principal défaut de Tannhœuser, selon nous, est de ne pas convenir à la scène et d’être plutôt une œuvre de concert. »

Si Franck-Marie fut, dans la grande presse, le seul défenseur de Wagner, — à part une protestation

  1. Pour permettre à ceux qui ignorent l’allemand, d’apprécier ce bon mot, ajoutons que Venusberg signifie : mont de Vénus.
  2. No du 24 mars 1861.