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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/223

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Ailleurs, il est plus élogieux. « La scène d’amour entre Tristan et Yseult est merveilleuse. Je la trouve seulement un peu longue, et les deux amants ont le tort de trop disserter. Le récitatif de Tristan conviant Yseult à le suivre dans la mort, et à la fin du troisième acte, l’appel un peu panthéiste de l’héroïne à la destruction, son dernier espoir, sont des morceaux tels qu’un grand génie évidemment est seul capable d’écrire. »

En 1872, Wagner était venu habiter à Bayreuth une villa construite sur ses plans. La première pierre du théâtre avait été posée, en présence du bourgmestre, le 22 mai. Pour célébrer cette date mémorable, un immense orchestre avait exécuté la Symphonie avec chœurs sous la direction de Wagner lui-même. Le talent de Richard Wagner comme chef d’orchestre est vanté par Mme Judith Gautier dans ses Souvenirs.

En ce théâtre, bâti sur le modèle des théâtres antiques, fut représenté, vers la mi-août 1876, avec le concours des meilleurs artistes de l’Allemagne, le cycle dramatique de l’Anneau du Nibelung. Le 13, on joua Rheingold ; le 14, la Walküre ; le 16, Siegfried, et le 17, Gœtterdœmmerung, en présence de l’empereur Guillaume, de l’empereur du Brésil, du roi de Bavière, des grand-ducs de Bade, de Saxe-Weimar, de Mecklembourg-Schwerin et de bien d’autres personnages de marque mêlés à des oisifs nomades, à des millionnaires de l’industrie ou de la finance, aux artistes, littérateurs, curieux d’Europe et d’Amé-