Aller au contenu

Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siteurs à la recherche d’effets nouveaux est heureusement exilé de son œuvre. Wagner a trouvé le grand, l’éloquent, le passionné, l’imposant, avec peu de moyens ; son orchestration, large et pénétrante, remplit la salle. L’attention n’est distraite par aucun instrument ; ils sont tous harmonieusement fondus en un seul. »

Et voici les impressions que font naître en lui les morceaux entendus : — « Je ne connais ni le sujet de ses opéras., ni la splendide étoffe qui les recouvre. Je n’ai vu que des morceaux de cette étoffe. Il me semble qu’un fragment de tapisserie du moyen âge me tombe tout à coup sous les yeux. Des têtes de chevaliers, dessinées à l’aiguille à grands traits, apparaissent : un varlet coupé à mi-corps tient un faucon sur le poing. Dans un coin de la tapisserie est écrit en lettres gothiques : Amadis de Gaule.

« Toute une époque se déroule : les gestes de Charlemagne, les chevaliers de la Table-Ronde, les douze preux, des personnages vaillants, plus grands que nature, avec des Durandal formidables et des casques de géants. »

L’exil de l’artiste lui paraît de nature à émouvoir ses lecteurs ; il le compare à la surdité qui frappa Beethoven, à la cécité dont fut atteint Goya. — « Proscrit d’Allemagne à la suite d’événements politiques, il y a plus de dix ans qu’on joue ses opéras et qu’il ne peut les voir ni les entendre.

« Les murmures d’une salle attentive, les frémisse-