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Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/91

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à louer la scène du Venusberg. « Ce sont les cris vertigineux de l’amour charnel, l’ivresse des voluptés païennes, le délire de la saturnale. Pour nous, ce morceau est un chef-d’œuvre. »

Un autre ami de Wagner, l’agent théâtral Giacomelli, cite avec enthousiasme, dans son journal (Presse théâtrale et musicale du 17 mars), les scènes qui ont été le plus mal accueillies, le concours des chanteurs et le finale du second acte, l’introduction du troisième. « Rien de plus saisissant, d’après lui, que la Bacchanale ! L’oreille n’avait pas encore été frappée de pareilles harmonies : ce sont des soupirs, de rauques accents ; le souffle de la luxure plane au-dessus de l’orchestre et en fait jaillir des étincelles magiques. »

Mais ces témoignages d’amis du maître ne pouvaient avoir une autorité suffisante ; il était permis de suspecter leur impartialité. Franck-Marie, dans la grande presse[1], fut le seul à prendre la défense de Wagner. Il déplore l’animosité témoignée par ses confrères à l’égard d’un compositeur qu’il qualifie de « grand musicien » et qu’il compare à Beethoven et à J.-S. Bach. Très bienveillant en somme, mais si certaines parties de Tannhæuser lui paraissent être

  1. Patrie du 24 mars 1861.