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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/501

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APPENDICE



Nous avons déjà parlé (p. 284) de l’exemplaire de Hamlet, daté de 1603, et retrouvé en 1825 ; nous avons dit qu’il contenait un texte différent de ceux qu’on avait connus jusqu’alors. Mais malgré l’intérêt qui fut fort naturellement attaché à une telle découverte, il faut se garder, selon nous, d’attribuer trop d’importance au premier Hamlet et à toutes les différences qui le distinguent du second. Parmi ces différences, il y en a qui sont évidemment du fait de Shakspeare même, et qui prouvent un profond remaniement ; il y en a d’autres qui ne doivent pas lui être attribuées. Comme pour les premières éditions de Roméo et Juliette et des Joyeuses Commères de Windsor, il est plus que probable que la première édition de Hamlet, celle de 1603, a été faite sans le concours ni l’aveu de Shakspeare, d’après des notes prises pendant les représentations, ou d’après un mauvais manuscrit soustrait aux acteurs ou à l’auteur. Dans la préface que John Heming et Henry Condell mirent en tête de l’édition in-folio de 1623, ces deux camarades de théâtre de Shakspeare disaient aux lecteurs : « Vous avez été d’abord en butte aux déceptions de divers textes dérobés et frauduleux, tronqués et déformés par les entreprises et les fraudes des outrageux imposteurs qui les ont publiés. » On sait que Molière tomba dans la même disgrâce, et ne se décida à publier les Précieuses ridicules