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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/255

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SCÈNE II.

timon.

Toujours au service de mes amis !

Tous sortent, excepté Timon et Apemantus.
apemantus.

Quel remue-ménage céans ! — Que de têtes courbées, que de derrières en saillie ! — Je doute que ces jarrets inclinées vaillent les sommes — dont on les paie. Que de lie dans ces amitiés ! — Il me semble qu’un cœur faux ne devrait pas avoir le jarret ferme. — Voilà donc comment d’honnêtes imbéciles dépensent tout leur bien pour des révérences.

timon.

— Ah ! Apemantus, si tu n’étais pas si maussade, — je serais généreux envers toi.

apemantus.

Non, je ne veux rien. Car — si, moi aussi, je me laissais corrompre, il ne resterait plus personne — pour récriminer contre toi, et tu n’en pécherais que plus vite. — Tu donnes depuis si longtemps, Timon, que, j’en ai peur, tu finiras par te donner toi-même sur papier ! — À quoi bon ces fêtes, ces pompes et ces vaines magnificences ?

timon.

Ah ! — si tu commences à déblatérer contre la société, — je jure de ne pas te prêter attention… — Adieu, reviens avec une musique meilleure.

Il sort.
apemantus.

Soit ! — tu ne veux plus m’entendre à présent ; — eh bien, tu ne m’entendras plus ; je te fermerai — le ciel. Oh ! pourquoi faut-il que les oreilles des hommes — soient sourdes au conseil, et non à la flatterie !

Il sort.