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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/101

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SONNETS.

LXXXI

Si mon amour n’était qu’un enfant royal, il pourrait être déshérité comme un bâtard de la fortune ; il subirait l’alternative de la faveur et de la fureur du temps, comme les ronces ou comme les fleurs qui s’entassent sous la faucille.

Non, mon amour a été élevé loin de tout accident. Il n’est pas gêné par la pompe souriante, et ne peut tomber sous le souffle du mécontentement servile, dont notre époque semble provoquer chez nous la mode.

Il ne craint pas la politique, cette hérétique, qui ne travaille que sur des contrats de quelques heures : dans les régions supérieures où il se dresse, la chaleur ne peut pas plus le grandir que la pluie le noyer.

Je laisse l’épreuve de ces vicissitudes aux bouffons du temps, dont la mort est un bien et dont la vie n’a été qu’un crime.

LXXXII

À quoi me servirait-il de porter un dais au-dessus de mon amour, et de rendre à ce qui est extérieur des honneurs superficiels ? À quoi bon poser de vastes assises pour une éternité à laquelle couperont court la ruine et la mort ?

N’ai-je pas vu les fermiers de la forme et de la beauté s’épuiser complètement à leur payer une rente trop forte,