Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
SONNETS.

vous, s’il peut dire que vous êtes vous, ennoblit assez son récit.

Qu’il se borne à copier ce qui est écrit en vous, sans empirer les traits que la nature a faits si purs ; et un tel portrait fera acclamer son génie et partout admirer son style.

Vous ajoutez une malédiction aux bénédictions de votre beauté par cet amour de l’éloge qui vous vaut des éloges indignes.

CVI

Ma muse, bouche close, garde discrètement le silence, tandis que votre louange, compilée en riches commentaires, est gravée à jamais avec une plume d’or sur une phrase précieuse taillée par toutes les muses.

Je pense de belles pensées, tandis que les autres écrivent de belles paroles, et, comme un clerc illettré, je crie toujours : Amen ! à chaque hymne qu’un esprit supérieur vous apporte sous la forme achevée d’une plume raffinée.

Quand je vous entends louer, je dis : C’est cela ! c’est vrai ! et j’ajoute quelque chose au dernier mot de l’éloge ; mais c’est dans ma pensée, où mon amour pour vous, refoulant toute parole, garde toujours le premier rang.

Donc, appréciez chez les autres le souffle des paroles, et chez moi le langage réel des pensées muettes.

CVII

Est-ce cette poésie grandiose, dont la voile fière a en-