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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/115

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SONNETS.

trouvé de vraie sympathie pour ta perfection si vraie que dans le langage simplement vrai de ton véridique ami.

Et leur peinture grossière conviendrait mieux à des joues où le sang manque : chez toi, elle fait abus.

CIV

Je n’ai jamais vu que vous eussiez besoin de fard ; aussi n’en mets-je point à votre belle figure. J’ai trouvé ou cru trouver que votre créance excédait l’offre misérable de la poésie.

Aussi ai-je endormi ma muse à votre sujet, afin que vous-même, resté debout, vous pussiez bien démontrer combien une plume vulgaire est insuffisante pour parler des mérites qui fleurissent en vous.

Ce silence, vous me l’avez imputé à crime, mais ce sera ma plus grande gloire d’être resté muet ; car, en ne disant rien, je ne dépare pas cette beauté à qui tant d’autres, en voulant donner la vie, n’apportent qu’une tombe.

Il y a plus de vie dans un seul de vos beaux yeux que dans tous les éloges imaginés par deux de vos poëtes.

CV

Quel est le plus éloquent ? qui en peut dire plus que ce riche éloge : Vous seul êtes vous ? C’est dans ces termes-là qu’est muré le trésor qui peut offrir du vôtre un équivalent.

Elle est d’une pénurie misérable, la plume qui ne prête pas un peu d’éclat à son sujet ; mais celui qui parle de