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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/86

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SONNETS.

Ainsi, le jour, mon esprit, la nuit, mon âme, à cause de toi, pour moi ne trouvent pas de repos.

LVII

Comment puis-je revenir en heureuse santé, quand le bienfait du repos m’est refusé, quand l’accablement du jour n’est pas réparé par la nuit, quand mes jours accablent mes nuits, et mes nuits mes jours ?

Le jour et la nuit, quoique puissances ennemies, se tendent mutuellement la main pour me torturer, l’un en me fatiguant, l’autre en me faisant regretter que cette fatigue n’ait servi qu’à m’éloigner de toi.

Je dis au jour, pour lui plaire, que tu brilles et que tu l’embellis, quand les nuages ternissent le ciel : je flatte de même la nuit au teint sombre en lui disant que, quand les astres ne scintillent pas, tu dores la soirée.

Mais, chaque jour, le jour allonge mes chagrins, et, chaque nuit, la nuit fait paraître plus grande l’étendue de ma douleur.

LVIII

Est-ce ta volonté que ton image tienne mes lourdes paupières ouvertes à la nuit fastidieuse ? Désires-tu rompre mon sommeil, quand des ombres qui te ressemblent viennent se jouer de ma vue ?

Est-ce ton esprit même que tu envoies hors de toi pour