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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/96

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SONNETS.

LXXIII

N’apportons pas d’entraves au mariage de nos âmes loyales. Ce n’est pas de l’amour que l’amour qui change quand il voit un changement, et qui répond toujours à un pas en arrière par un pas en arrière.

Oh ! non ! l’amour est un fanal permanent qui regarde les tempêtes sans être ébranlé par elles ; c’est l’étoile brillant pour toute barque errante, dont la valeur est inconnue de celui même qui en consulte la hauteur.

L’amour n’est pas le jouet du Temps, bien que les lèvres et les joues roses soient dans le cercle de sa faux recourbée ; l’amour ne change pas avec les heures et les semaines éphémères, mais il reste immuable jusqu’au jour du jugement.

Si ma vie dément jamais ce que je dis là, je n’ai jamais écrit, je n’ai jamais aimé.

LXXIV

Dites, pour m’accuser, que je n’ai payé à vos grands mérites qu’un tribut mesquin, que j’ai oublié parfois de rendre hommage à cette amitié si chère à laquelle tous les liens m’enchaînent de jour en jour ;

Que j’ai fréquenté des esprits inconnus, et concédé au monde vos droits chèrement acquis ; que j’ai hissé ma voile à tous les vents qui devaient m’emporter le plus loin possible de votre vue.