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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/97

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SONNETS.

Enregistrez et mes fautes volontaires et mes erreurs ; accumulez les présomptions sur les preuves évidentes ; fixez sur moi un regard sévère, mais ne me frappez pas de votre haine éclatante.

Car j’allègue pour ma défense que mon but unique était d’éprouver la constance et la vertu de mon amour pour vous.

LXXV

De même que, pour rendre l’appétit plus vif, on s’excite le palais avec des breuvages acides, et que, voulant prévenir un malaise inconnu, on s’indispose en se purgeant pour éviter une indisposition ;

De même, plein de votre inépuisable douceur, j’ai assaisonné ma nourriture de sauces amères, et, gorgé de bien-être, j’ai trouvé une sorte de soulagement à me rendre malade pour recouvrer mon goût naturel.

Ainsi, la prévoyance de ma tendresse, pour conjurer des maux qui n’existaient pas encore, a eu recours à des fautes certaines, et a fait prendre médecine à une santé qui, excédée du bien, voulait être guérie par le mal.

Mais j’ai appris par là, et je trouve la leçon bonne, que les drogues empoisonnent celui qui est tombé malade de vous.

LXXVI

Que de fois je me suis abreuvé de larmes de sirène, distillées d’alambics aussi noirs que l’enfer ! appliquant