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Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/118

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Du lierre et des allées. Nuages ! Un jardin
Dans lequel un rouet file ses aventures.
La belle du Canet a des roses en main
Et des amours et des œillets à la ceinture.

Une cloche. C’est Marie-Blanche de Grignan
Qui prie dans le couvent désert des Ursulines.
Dies iræ. Ô le mélange si troublant
Des cornettes et des robes de mousseline !

Qui joue la comédie au temple de Watteau ?
Cet escalier secret ?… Tout se tait, tout soupire.
Une femme, en tremblant, lit Jean-Jacques Rousseau.
Dans un boudoir Chrétienne d’Aguerre conspire.

Des miroirs, des transports ! Que j’ai vu de portraits
Et d’abat-jour de soie sur la lampe ravie.
Qui vit sur ce balcon ? Qui dort sous ce cyprès ?
Quel est ce clavecin et quelle est cette amie ?

Musicale langueur du soir provincial
Chargé d’étoiles et d’embruns comme un navire !
Je suis ce bel enfant qui regarde le bal
Des reines de biscuit et des poupées de cire.