Aller au contenu

Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


            N’ayez souci. Mettez du fard
            À votre bouche qui m’emporte,
            Embaumez-vous comme une morte
            Dont l’âme n’a plus de regards.

            Aurais-je attendu les vendanges
            Pour ne pas cueillir les raisins ?
            J’ai vu battre vos jeunes seins,
            J’ai dépouillé la robe orange

            Que vous portiez dans cette nuit
            Si limpide et si tourmentée !
            Lorsque vous vous êtes levée
            Je n’avais que le goût d’un fruit.

            Ainsi restez puisque la vie
            Vous fit servante du plaisir ;
            N’ayez souci de devenir
            Autre chose que cette amie

            De l’ombre qui veut un flambeau.
            N’ayez souci que de vous même,
            N’ayez souci que l’on vous aime
            Plus profondément qu’il ne faut.