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Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/63

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VI


Dans le petit café de la petite place
Des hommes jouent à la manille. Sur les glaces
Trame l’âcre fumée des pipes. On entend
Le bruit sourd de la rue entrer avec le vent
Chaque fois qu’une main nouvelle ouvre la porte.
Une fille sourit dans l’ombre. L’odeur forte
De l’absinthe se mêle à l’odeur du laurier
Qui vient de la cuisine et monte l’escalier.
On boit. Les cartes vont leur train. La jouvencelle
Parle avec un roulier sa langue maternelle.
C’est l’heure où le travail a cessé de régner,
Où le repos des champs se laisse accompagner
Dans l’air épais et chaud d’un café de bourgade.
Ce soir, les moissonneurs qui jouent ou qui regardent