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Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/64

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Paraissent oublier leur virgilienne ardeur.
Une lampe éblouie danse comme une fleur
Et croit enguirlander tout le petit espace.
Mais, sur la vitre bleue qu’un peu de jour enlace,
Le pays lourdement s’appuie. On voit le blé,
Les vignes, tout le ciel qui vient de s’étoiler.
Les hommes, deux par deux, redescendent la route.
Le café n’est plus rien qu’un point rouge. On écoute
La nuit qui met son cœur sur le vaste berceau
Des plaines, des maisons, des pins et des coteaux.
Les cyprès, ces soldats des champs, montent la garde.
Le pas d’un chemineau résonne. L’ombre garde
Je ne sais quelle extase et quel ravissement
Qui semble un bras de mère autour d’un cou d’enfant.
Cybèle est endormie au seuil de chaque asile.
C’est un soir de faiblesse humaine et d’évangile.