Aller au contenu

Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour recevoir le poids doré de leurs couronnes
Les travailleurs penchent la tête vers l’automne
Et mettent à genoux les charrues et les faulx.
Ils viennent. On entend tressaillir les coteaux.
Les meules, ces lauriers des humbles, les attendent.
Sur les seuils du matin, où leurs reflets descendent,
Les fronts bruns sont déjà lumineux et bénis.
Les villages, au long des routes, se sont mis
À marcher pour venir aux fêtes de la terre.
Les nuages pressés montent sur leur galère,
Les taureaux du soleil entraînent l’horizon,
Les fumées font des trous au toit de la maison,
Le vaisseau de la plaine aborde le rivage.
Ô règne du travail auquel le paysage
Tend le sceptre d’épis et le manteau de lin !
Reposez-vous, soyez heureux, soyez humains,
Hommes qui ressemblez à ceux de l’Évangile !
Quand l’hiver, ayant fait votre sol plus fertile,
Dépouillera son corps tremblant, vous reviendrez.
Reposez-vous… Le printemps et ses fruits dorés
Pensent à votre amour. Préparez vos corbeilles,
Préparez vos espoirs et vos grains. Sous les treilles,
Qui rougissent aux feux de l’arrière saison,
Comptez votre labeur et voyez sa raison.
Reposez-vous, puisque tous les rois se reposent…
Ces meules, devant vous, sont votre apothéose.