Aller au contenu

Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

Et ce n’est pas là un mot que Ruskin emploie une fois, par hasard. Il consacre à cette facture, qu’il recommande si spécialement, tout un chapitre intitulé : rompre une couleur en menu points par juxtaposition ou superposition.

« Celui-ci est le plus important de tous les procédés de la bonne peinture moderne à l’huile ou à l’aquarelle.
------ « Dans les effets de distance d’un sujet brillant, les bois, ou l’eau ridée, ou les nuages morcelés, on peut obtenir beaucoup par des touches ou par un endettement de menues taches de couleurs, dans les interstices desquelles d’autres couleurs seront ensuite adroitement placées. Plus vous pratiquerez ce procédé, lorsque le sujet évidemment le demandera, mieux votre œil jouira des plus hautes qualités de la couleur. Le procédé est, par le fait, l’application du principe des couleurs séparées jusqu’au raffinement le plus extrême ; c’est employer les atomes de couleur en juxtaposition, plutôt que de les étendre en larges espaces. Et, en remplissant les menus interstices de cette espèce, si vous désirez que la couleur dont vous les couvrez ressorte brillamment, observez qu’il vaut mieux en poser un point bien affirmé, en laissant un petit blanc à côté ou autour de lui dans l’interstice, que de couvrir entièrement ce dernier d’une teinte plus pâle de la même couleur. Le jaune et l’orangé paraîtront à peine à l’état pâle et dans de petits espaces ; mais ils se manifesteront brillamment, posés en touches fermes, quelque petites qu’elles soient, avec du blanc à côté. »

3. Nous trouvons encore ces précieux arguments en faveur de la technique néo-impressionniste dans une étude sur Ruskin, publiée dans la Revue des Deux Mondes (mars 1897), par M. Robert de la Sizeranne, qui cite ou résume les opinions de l’esthéticien.