Aller au contenu

Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
APPORT DE DELACROIX

lugubres ; la note funèbre d’un blanc, éclatant sinistrement parmi tout ce sombre, complète cette harmonie de désolation.

Dans les Femmes d’Alger, le peintre ne veut exprimer aucune passion, mais simplement la vie paisible et contemplative dans un intérieur somptueux : il n’y aura donc pas de dominante, pas de couleur clef. Toutes les teintes chaudes et gaies s’équilibreront avec leurs complémentaires froides et tendres en une symphonie décorative, d’où se dégage à merveille l’impression d’un harem calme et délicieux.

12. Cependant Delacroix n’a pas encore atteint tout l’éclat et toute l’harmonie auxquels il doit parvenir un jour. Si nous continuons l’examen attentif du tableau Femmes d’Alger, que nous avons pris comme exemple de l’application de sa méthode scientifique, nous pourrons constater qu’il y manque la parfaite unité dans la variété qui caractérisera ses derniers ouvrages.

Tandis que les fonds, les costumes, les accessoires vibrent d’un éclat intense et mélodieux, les chairs des figures peuvent, par comparaison, paraître plates et un peu ternes et mal en accord avec le reste .

Si l’écrin brille plus que les bijoux, c’est que Delacroix a fait chatoyer les moindres surfaces des étoffes, des portières, des tapis, des faïences, en y introduisant quantité de menus détails et de petits ornements dont