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Page:Silvestre - Les Ailes d’or, 1891.djvu/47

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LES AILES D’OR

Ô moisson de baisers ! vendange de caresses !
Soleil de nos espoirs, langueur de nos ivresses,
Ô larmes de l’angoisse, ô sourires vainqueurs,
Vos pouvoirs sont égaux à consumer nos cœurs !

Ah ! jusqu’au plus profond, du moins, ton âme a-t-elle
Senti descendre en soi la brûlure immortelle,
Et dans une vapeur, ton être évanoui
Vers le ciel plus lointain remonter ébloui ?

As-tu bu jusqu’au fond la coupe de l’extase,
Et déchiré ta lèvre aux bords sanglants du vase
Où fermente sans fin la liqueur du baiser,
Où s’épuise la soif sans jamais l’épuiser ?

Si, comme un feu qui court au bout de ce qu’il touche
Son flot jusqu’à ton cœur est venu de la bouche,
Malgré les maux soufferts et le sang de tes pas,
Ô toi qui sus aimer, je ne te plaindrai pas !