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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/111

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le corps de l’homme qu’il a tenu à pétrir lui-même de la poussière de la terre, fait déjà pressentir qu’un être supérieur à tous les autres va venir prendre place dans le monde. On entrevoit clairement qu’un nouveau pas sera fait, qu’on montera d’un degré de plus sur l’échelle de la création, qu’une œuvre tout extraordinaire paraîtra au jour.

Mais le narrateur sacré ne nous laisse pas que ce pressentiment. Il va jusqu’à nous détailler les propriétés par lesquelles l’homme se distingue des autres créatures. Tandis que celles-ci sortent du sein des eaux et de celui de la terre tout animées, et qu’elles reçoivent la vie de la matière même d’où elles ont été tirées, l’homme a besoin qu’un souffle parti d’en haut vienne le vivifier. Ces yeux qu’il lèvera un jour vers le ciel, ce regard avec lequel il contemplera la splendeur du firmament, ce front qu’il pourra porter vers les nues, toute cette figure enfin qui resplendira d’une majesté presque divine, elle est inerte, sans expression, sans grâce, sans éclat, parce que la respiration de Dieu n’a pas passé sur elle. Il faut que Créateur prenne ce corps si admirablement façonné et qu’il lui insuffle la vie de sa propre bouche, pour que l’homme puisse devenir ce qu’il a voulu qu’il fût, une image de Dieu sur la terre.

Ainsi, ce n’est pas par la structure de son corps et par tout ce que l’on peut remarquer de merveilleux en elle que l’homme est homme, mais par l’esprit de vie, Nischmath Haïm, qui lui fut communiqué d’en haut. C’est là la ressemblance qu’il a avec Dieu ; cela seul forme la part divine qui réside en lui, tout le reste n’est que poussière et retournera à la poussière. « Faisons l’homme à notre image à notre ressemblance[1] »,

  1. Genèse, ch, 1, v. 26.