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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/112

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cela signifie done : « mettons en lui quelque chose qui ne puisse venir d’ailleurs, quelque chose qui ait besoin d’émaner de nous pour descendre en lui, non pas ce corps qui a sa base, son principe, son élément dans la matière, mais cette âme vivante dont nous sommes la source, l’origine, le type. C’est dans cette âme que nous plaçons notre image, c’est par elle que nous voulons que l’homme soit si grand sur la terre jusqu’à y devenir presqu’un Dieu en regard du reste de la création[1]. » Voyez, en effet, ajoutent les docteurs juifs : « Dieu remplit de son auguste présence l’espace de tous les mondes, et l’âme de même remplit tout le corps humain ; Dieu voit tout et est invisible, et l’âme aussi voit et n’est pas vue ; Dieu est le protecteur du monde entier, et l’âme la protectrice de tout le corps ; Dieu est saint et pur, elle aussi ; le trône de Dieu est dérobé à nos regards et l’âme également se dérobe à nos yeux[2]. »

Disons cependant tout de suite que si l’âme gouverne son petit monde à elle, elle ne saurait le faire de la même façon que Dieu. Dieu trouve en lui-même la raison des lois auxquelles il obéit ; c’est lui qui les a faites, qui se les est imposées, au lieu que l’âme les a trouvées tout appliquées, toutes faites. De plus, pour se conformer à ses lois, l’âme est obligée d’en étudier les règles en Dieu même qui leur sert de principe éternel. De là, il résulte premièrement, que notre âme n’est pas une partie de Dieu en nous, une émanation, un écoulement de la nature divine, comme une vaine philosophie pourrait le prétendre. Si elle était cela, elle serait aussi souverainement législatrice dans notre corps que le Créateur suprême l’est dans l’univers qu’il dirige ; elle aurait conscience

  1. Psaume 8 paraphrasé.
  2. Talmud, traité Berachoth, p. 10.