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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/134

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le Judaïsme, à l’invention de ces sortes de supplices, mille fois plus affreux que la mort, et dont la description nous fait encore frémir malgré la distance qui nous sépare de l’époque où ils furent en usage ? Rien que d’exposer le cadavre étant réputé chose maudite, comment eût-on permis d’écarteler ou de traîner sur la claie de malheureuses victimes dont les membres épars, brisés et broyés, eussent encombré et souillé les lieux publics de leurs restes ensanglantés ?

D’ailleurs, on sait ce qui a contribué à donner à la torture ses plus atroces perfectionnements. La haine religieuse en a toujours été le plus fécond artisan. Or, ce que le Judaïsme réprouve sans contredit avec le plus d’énergie, ce sont les persécutions en matière de foi. L’idée qu’il avait conçue de la dignité humaine le plaçait, sous ce rapport, à un point diamétralement opposé à celui où se trouvent les deux religions qui se sont greffées sur sa tige. Sans doute on lit dans le Pentateuque le fait tristement célèbre d’un homme mis à mort pour avoir violé la loi du sabbath. Mais qu’on ne se trompe pas sur la portée de ce fait absolument isolé, surtout qu’on n’aille pas y chercher un acte de persécution religieuse. Il faudrait, pour le faire, ignorer la constitution même de la société hébraïque. Dans cette société, la loi religieuse et la loi civile se confondaient ; ensemble, ces deux lois formaient la base de l’État. C’était, si l’on veut, une théocratie, pourvu que l’on ne donne pas à ce mot le sens que l’on a coutume d’y ajouter. Tandis qu’en thèse générale, une théocratie suppose la domination de la caste des prêtres parmi lesquels on choisit de préférence les monarques et les rois, ici, chez les Hébreux, il y avait séparation complète entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Les prêtres étaient relégués dans le temple dont ils avaient à eux seuls l’administration, celle de l’État leur étant complètement