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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/226

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Qu’Enoch soit monté vivant au ciel ou qu’il ait subi l’épreuve de la mort, peu importe pour le moment ! Ce qui nous parait hors de doute, c’est que sa disparition de la terre a été pour lui le commencement d’une nouvelle vie. L’endroit même du Pentateuque où l’on parle de lui, le rapprochement involontaire qui se fait dans notre esprit entre sa piété la corruption générale du genre humain, tout, jusqu’aux termes exceptionnels dont on se sert pour nous apprendre sa fin, le prouve surabondamment.

Le châtiment réservé au suicidé ne saurait non plus, de son côté, avoir lieu dans ce monde-ci avec lequel l’homme qui attente à ses jours rompt tout lien et brise toute relation. C’est donc encore bien d’une existence ultérieure qu’il s’agit ici.

Mais dans cette existence, qu’est-ce qui dominera l’élément spirituel ou l’élément matériel ? Sont-ce des jouissances corporelles ou des jouissances intellectuelles que le juste y goûtera ? Le méchant s’y trouvera-t-il atteint par la punition dans son corps même ou seulement dans son âme ? La question ainsi posée, l’a toujours été de cette façon, c’est-à-dire avec la franchise et la clarté que nous y mettons, chaque fois que, dans le Judaïsme, on s’est occupé de rémunérations futures. Que les Talmudistes, avec leur langage figuré, aient souvent donné lieu de croire qu’ils faisaient participer le corps aussi aux félicités et aux châtiments à venir, qui pourrait s’en étonner ? La réserve que nous avons faite plus haut nous dispense de redire ici qu’il faut se garder de prendre jamais ce langage à la lettre. Mais la Synagogue n’a-t-elle pas toujours élevé bien haut ce célèbre enseignement de Rab : « Dans le monde futur, il n’y a ni boire, ni manger, ni jalousie, ni haine, ni colère, ni aucune occupation matérielle, comme nul plaisir sensuel ; les justes y sont assis, ceints d’une couronne de gloire et se