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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/249

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de l’existence. Et c’est ce pouvoir illimité de Dieu que Moïse a affirmé et qu’il a voulu célébrer dans son chant suprême, lorsque son émotion le trahissant soudain, la parole lui échappe et, à sa place, c’est le Seigneur lui-même qui proclame la grande vérité de la résurrection : « C’est moi, moi seul qui suis et > nulle autre divinité ne se trouve à mes côtés ; je fais mourir › et puis je rappelle à la vie[1]. »

Que dirait-on encore si, sortant du Pentateuque, nous trouvions notre dogme péremptoirement enseigné dans les livres rédigés postérieurement ? Voici qui date du temps de Samuel : « l’Éternel précipite dans le Scheôl et en fait aussi sortir[2]. Ces mots viennent immédiatement après ceux cités textuellement du Pentateuque : « Je fais mourir et puis je rappelle à la vie. » C’est la même idée. En plus seulement, nous assistons ici, en imagination, au réveil des trépassés, et nous les voyons remonter sur la terre avec toute leur personnalité. Ce ne sont pas de nouveaux individus qui renaissent à la vie. Ces âmes qui reviennent à la lumière du soleil ne vont pas animer des corps qui leur sont étrangers, en un mot, la résurrection n’est pas la métempsycose. Non. Les mêmes personnes qui ont été frappées de mort, seront rappelées à l’existence, et telles elles étaient avant de mourir, telles elles seront au grand jour de la résurrection, lorsque Dieu les aura retirées du Scheôl. À ce moment, elles retrouveront leurs corps et elles revivront de la vie terrestre, exposées sans doute encore aux misères et aux faiblesses inséparables de l’existence matérielle, mais pouvant s’y soustraire plus facilement qu’autrefois, par suite des vertus et des perfections morales qu’elles avaient acquises sur la fin de leur vie passée, et qui leur ont été laissées en possession pour

  1. Voir Deut., chap. XXXII, v. 39. et Talmud, traité Sanhedrin, p. 91.
  2. Samuel, chap. II, v. 6.