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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/250

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leur servir de talisman et d’instrument de bonheur, durant leur nouveau passage sur le globe.

Que m’importerait-il, en effet, de revivre après ma mort dans un autre homme, ainsi que le veut la métempsycose, si, perdant la conscience de ce que je fus autrefois, je dois recommencer les mêmes combats suivis des mêmes défaites, les mêmes luttes suivies des mêmes défaillances, les mêmes espérances suivies des mêmes mécomptes ! Quelle belle consolation de revenir sur la terre privé de toute l’expérience, de toutes les qualités, de tous les biens de mon âme que j’avais amassés au prix de tant de peines, de privations, de labeurs et d’études ? Serait-ce bien encore moi qui revivrais alors ? Ce ne serait même plus un autre moi-même qui reviendrai ; ce serait une existence étrangère qui ne tient plus à moi par aucun lien, et autant vaudrait une destruction complète qu’une renaissance où il ne me resterait plus aucun souvenir de ce que je fus en quittant la terre. Admettez, au contraire, avec la doctrine juive, que la résurrection est la promesse de notre retour sur le globe avec tout un trésor de science, d’amour et de sagesse acquis dans les deux mondes où nous avons successivement vécu ; admettez que ce que notre âme avait appris avant de monter au ciel et ce qu’elle a appris au séjour des immortels où se sont dévoilées à elle la justice et la bonté de Dieu, admettez que tout cela lui demeure en propriété alors qu’elle sera revenue animer le corps qu’elle possédait jadis, et vous comprendrez combien est sacrée et légitime notre aspiration de renaître à la vie après l’accomplissement des temps !

Or, c’est cette aspiration et pas une autre qui se trouve au fond des paroles du livre de Samuel prononcées par la pieuse Annah et que nous avons transcrites plus haut. Au moment où la sainte femme exaltait la puissance de l’Éternel qui l’avait