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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/300

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contre l’élévation du dogme. Elles témoigneraient tout au plus d’un certain état d’ignorance dans lequel se trouvaient les Hébreux de ce temps, puisque, pour les gagner à Dieu en vue d’une adoration régulière, il fallait agir sur eux par une autre puissance que celle de la raison. Mais assurément, dès que l’intelligence peut s’élever par ses propres forces jusqu’à l’Être Suprême, le cœur n’a plus besoin de stimulant extérieur pour s’attacher à lui. Israël connaissant tout ce que les principes de sa religion ont de sublime, les accepte avec une foi sincère ; Israël se persuadant que tout dans le monde provient de Dieu, se sent toujours porté à s’incliner devant lui, à l’adorer, quand il remarque dans l’Univers les nombreuses traces de son infinie sagesse. Ce n’est pas dans des temples splendidement ornés qu’il va puiser des sentiments de dévotion. Il lit dans le grand livre de la nature et dans cet autre, la Bible, qui, non moins que le premier, est riche et fécond en enseignements sur Dieu. Ce n’est pas aux pompeuses cérémonies qu’il demande des inspirations de piété ; elles naissent en lui à l’aspect des êtres qui fourmillent sur la terre et lui révèlent la présence du Créateur, de ce Créateur qu’il sent alors être partout sans l’apercevoir nulle part, et, pénétré pour ce Dieu d’un amour mêlé de respect, il trouve dans le plus modeste des temples un lieu propice aux épanchements de son âme.

Mais si, d’après ce que nous venons de dire, le culte public, celui qui se célèbre dans des maisons de prières pour l’édification des fidèles, va toujours se simplifiant de plus en plus, selon le degré de perfection auquel atteint la raison de l’homme, il n’en est pas ainsi des pratiques religieuses ordinaires et habituelles. Quelle est l’origine de leur institution ? On le découvre dans le désir qu’a chaque religion de mettre au cœur de ses croyants les principes qu’elle consacre. Or, la vérité ne s’impose pas