Aller au contenu

Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trois religions qui ait enseigné la vérité sur les éléments constitutifs du culte public.

Il est aisé de voir que la fin de cette argumentation repose sur un complet malentendu. Aucune croyance positive, et le Judaïsme est du nombre, a-t-elle jamais nié que la prière, telle que l’envisagent et telle que la font les gens superstitieux et les faux dévots, ne soit plutôt un blasphème qu’un hommage à Dieu ? Nous pourrions ici encore citer Isaïe s’élevant avec son énergie accoutumée contre ceux qui ploient la tête comme un roseau et se revêtent d’un cilice et se couvrent de cendres croyant par cela seul, gagner le ciel[1]. Ne leur crie-t-il pas seul malgré leur apparente piété et précisément à cause d’elle : « Malheur à vous qui faites toucher une maison à l’autre, qui confondez les bornes des champs, et qui empiétez avec une sainte componction sur les droits de votre prochain[2] ». Ce ne sont donc pas les religions positives qui commandent et favorisent l’hypocrisie. Ainsi que la doctrine juive, l’Islamisme et le Christianisme auraient à cet égard mille textes à faire valoir[3].

Sans doute, si l’on n’avait jamais permis aux hommes d’adorer Dieu autrement que par la pensée, si l’on n’avait jamais fait consister le culte à lui rendre que dans de simples méditations sur l’excellence de sa nature et la magnificence de ses œuvres, la fausse dévotion serait éternellement restée enveloppée dans les ténèbres. Mais cela se pouvait-il ainsi ? L’Écriture Sainte rapporte qu’Anna, poursuivie par les railleries d’une méchante compagne qui la plaisantait sans cesse sur sa stérilité, se présente un jour au temple de Silo. Elle va s’asseoir au pied de l’autel, tête tristement penchée sur son sein ; elle s’agenouille

  1. Isaïe, chap. LVIII.
  2. Isaïe, chap. V.
  3. Job, chap. XV. — Talmud, traité Iotah, p. 2. Coran, chap. LVII. — Matthieu, chap. VI. Voir Ier livre de Samuel, chap. 1.