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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/310

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trouve un appui et de la tendresse, en lui qu’il fonde ses joies et ses espérances. La fortune le comble-t-elle de ses libéralités ? il n’est heureux qu’avec Dieu ; il semble qu’il veuille l’associer à son bonheur, le partager avec lui. Au contraire, les caprices du sort lui sont-ils défavorables ? c’est encore dans le sein de Dieu qu’il se réfugie. trouve en lui un ami sincère, constant, toujours prêt à le soutenir, à l’encourager, en lui faisant entrevoir à travers les ténèbres du présent les brillantes lueurs d’un riant avenir. Or, avec quel plaisir ne parle-t-on pas d’un ami ? Avec quel empressement ne saisit-on pas toutes les occasions pour le relever aux yeux du monde ? On ne tarit pas en éloges sur lui, on s’exagère ses qualités, on oublie ses défauts, son nom est constamment sur nos lèvres, nous ne cessons même pas de l’entretenir de notre affection, nous voudrions pouvoir lui en donner à chaque instant de nouvelles preuves. Tel est le caractère de l’amitié comme de l’amour : ils sont essentiellement expansifs. Et s’il en est ainsi de l’amour des hommes entre eux, que sera-ce donc de celui bien plus élevé et plus sublime que les hommes témoignent à Dieu ? Tandis que le premier ne se nourrit que de la contemplation de perfections purement relatives, le second s’inspire de la contemplation du bien et du beau absolus ; et, si l’un a besoin de s’épancher, de se communiquer, pourquoi l’autre demeurerait-il froid, indifférent, silencieux ? Y a-t-il donc quelque chose qui soit capable de nous toucher plus profondément, que la pensée qu’on peut parler u père de tous les êtres, à celui dont la bonté s’étend sur l’Univers tout entier, et ne comprend-on parfaitement le roi David s’écriant : « Vraiment ! quand je me trouve en présence de Dieu, il me semble que tous mes membres s’agitent et se préparent à lui dire : Éternel qui est comme toi[1] ! »

  1. Psaumes, chap. XXXV, v. 10.