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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/380

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radicalement condamné leurs croyances, disons plutôt leurs erreurs aussi vieilles que le monde. Mais, attendez. Une religion poussera bientôt du tronc du Judaïsme et qui partira en apôtre pour lui. Ce sera le Christianisme qui propagera la loi d’amour proclamée par la doctrine israélite, parce que plus libre que cette doctrine d’entrer dans les accommodements, de consentir à des compromis, il saura sacrifier quelques vérités dogmatiques à l’espoir de régénérer plus rapidement le sentiment moral de l’humanité. Et pendant que lui se présentera aux peuples avec des enseignements mélangés d’éléments étrangers ; elle, elle continuera à veiller d’un œil jaloux à l’intégrité du champ tout à la fois moral et religieux confié à ses soins. L’Église appellera les hommes à l’amour fraternel, tout en leur laissant quelques croyances dogmatiques erronées ; la Synagogue leur tiendra en réserve ce même amour fraternel, qu’ils pourront, comme auparavant, laisser brûler dans leur âme le jour où ils viendront se ranger à la pure vérité du Sinaï. Jésus a détaché du franc olivier un seul rameau et l’a remis entre les mains de ses disciples en leur disant : « Allez et prêchez les nations. » Mais la Bible est ce franc olivier lui-même, chargé encore de bien d’autres branches excellentes, à l’ombre desquelles le genre humain est déjà en voie de venir s’abriter.

« Faites donc aux hommes tout ce que vous voulez qu’ils vous fassent, car c’est là la Loi et les prophètes[1] », a dit le docteur de Nazareth. Qu’y a-t-il dans cette recommandation de plus que ce que le Pentateuque a dit : « Aime ton prochain comme toi-même. » Et dans une autre occasion, Jésus ne s’est-il pas tenu à la formule consacrée, et n’a-t-il pas répété à la façon biblique devant quelqu’un qui lui demandait l’énumé-

  1. Mathieu, chap. VIII, v. 12.