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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/386

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découvrir dans la charité juive. On pourra amplement s’en convaincre quand nous entrerons dans le détail des devoirs à remplir envers le prochain. Que l’on nous permette seulement ici de montrer, par l’exemple de Hillel, comment elle sait être patiente, excusant tout et supportant tout. La modestie de ce saint homme était passée en proverbe ; son calme était toujours parfait. Deux paysans parièrent un jour quatre cents pièces d’or, devant échoir à celui d’entre eux qui parviendrait à mettre le saint homme à bout de patience. Le pari accepté, l’un d’eux choisit la veille du samedi où il savait Hillel occupé à se préparer dévotement pour la fête, et vint, à diverses reprises, l’importuner coup sur coup de questions l’une plus vaine que l’autre : Pourquoi les Babyloniens ont-ils la tête ronde ? pourquoi les Perses ont-ils les yeux délicats et malades ? pourquoi les Assyriens les pieds larges. Hillel répondit à tout avec le plus grand calme. Soudain son interlocuteur s’impatientant lui jette cette apostrophe : « J’aurai encore bien des demandes à t’adresser si je ne craignais de t’importuner. — Fais, fais, mon ami, répondit Hillel en le priant de s’asseoir. — Mais vraiment, es-tu bien Hillel, prince en Israël ? — Certainement. — Eh bien ! je ne voudrais pas qu’il se rencontrât sur terre beaucoup comme toi. — Et pourquoi donc ? Parce que tu viens de me faire perdre quatre cents belles et bonnes pièces d’or — Que ce soit une leçon pour toi de ne pas être désormais si téméraire dans tes paris. Tu aurais perdu deux fois plus d’argent qu’il en serait résulté moins de dommage que si Hillel avait perdu patience. »

Et c’était chez le neveu de cet aimable docteur que Paul allait chaque jour s’instruire avant qu’il n’eût embrassé la nouvelle foi ! Que ne pouvait-il, que ne devait-il apprendre à si bonne école ? A tout le moins enseignait-on là les vrais carac-