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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/389

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invite à déposer notre indifférence, pour laisser se répandre autour de nous quelques rayons de cette douce et chaleureuse affection que Dieu a indistinctement mise au fond de tous les cœurs. Le droit et le devoir, la raison et le sentiment devenant tour à tour aiguillon et modérateur, et se posant toujours dans la balance de nos pensées et de nos actions comme poids pondérateur, voilà de quelle façon on acquiert le plus excellent et le plus parfait maintien qu’il soit possible de prendre vis-à-vis de son semblable.

Passons maintenant au détail des devoirs que la doctrine juive prescrit envers le prochain. Naturellement, elle a envisagé l’homme pour la prescription de tous ces devoirs comme on le fait généralement, nous voulons dire comme membre de la famille, comme citoyen de la patrie, comme membre actif du genre humain. Ces trois situations embrassent tout. Examinons-les successivement.

§ I
LA FAMILLE

Trois personnes composent la famille : l’époux, l’épouse et l’enfant. Qu’est-ce que ces trois personnes ont à remplir les unes envers les autres ? Qu’est-ce que l’époux doit à l’épouse, l’épouse à l’époux, l’enfant au père et à la mère, le père et la mère à l’enfant ? S’aimer réciproquement ! Mais l’amour n’est pas toute l’obligation morale ; il n’est même pas cette obligation, puisqu’il est plus souvent un sentiment naturel qu’un devoir imposé. L’amour étant supposé, il reste toujours à savoir au juste quelles espèces d’actions et de prévenances il commande envers ceux qui en sont devenus l’objet, et quoique la morale ne puisse pas, quelque complète qu’elle soit d’ailleurs, envisager