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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/423

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La franchise n’est pas moins nécessaire que la modestie et l’humilité. C’est, enseignent les docteurs israélites, c’est être l’ami de quelqu’un, que de se montrer franc avec lui. L’hypocrisie est le défaut réputé par eux le plus capital. « Il est défendu, disent-ils, il est défendu à l’homme de dissimuler sa pensée sous de flatteuses paroles. Que ta bouche soit toujours d’accord avec ton cœur. Ton extérieur doit ressembler à ton intérieur et tes lèvres ne doivent traduire que ce qui est réellement dans ton âme[1]. » « Parmi les trois personnes que Dieu hait le plus, les Rabbins rangent celle qui a un caractère dissimulé[2]. » « Qu’on se garde bien, dit Maimonide, de porter rancune à son prochain et de se taire. Ainsi avait agi Absalon, ce fils dénaturé, avec son frère Ammon et un jour vint qu’il le tua[3]. » Mieux vaut blâmer et censurer son prochain quand il le mérite, que de le louer d’un peu de bien qu’il a pu faire. Rabbi Simon, fils d’Éléazar, se plaisait à répéter cette sentence à ses disciples : « Vous pouvez avoir des amis qui vous réprimandent et d’autres qui vous décernent force éloges ; chérissez les premiers et méfiez-vous des derniers. Les uns veulent votre bonheur, les autres votre malheur. »

La discrétion dans la charité est une conséquence naturelle de la modestie et de l’humanité. L’aumône faite en public, ouvertement, pour attirer les regards, pour gagner des applaudissements, est chose blâmée par le Judaïsme ; il menace même d’une punition du ciel une semblable pratique de l’aumône. Que signifie, dit-il, ce verset final de l’Écclésiaste : « Dieu traduira devant sa justice toute œuvre de l’homme, même le bien qu’il fait ! Ce bien, c’est le bien relatif, mais toujours

  1. Pesachim, p. 103.
  2. Maïmonide Iad Hachsaka Hitchath, Déath, chap. VI.
  3. Aboth de Rabbi Nathan, chap. XXIX.