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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/424

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blâmable, résultant de l’aumône faite publiquement et sans discrétion aucune. Faire l’aumône, c’est se créer de grands mérites, mais à condition de la faire en secret[1]. Rabbi Jannaï voyant quelqu’un enfreindre ce devoir capital lui dit : Mieux certes aurait valu que tu t’abstinsses de venir de cette façon en aide à ton concitoyen[2]. Et Rabbi Jachanan d’ajouter : « Dieu publie journellement les noms de deux personnes estimées très heureuses : celui du pauvre qui rend un objet trouvé, et celui du riche qui dime son blé en secret[3]. »

Enfin, on s’élève au suprême degré de l’amour du prochain, lorsqu’on s’emploie pour son concitoyen pauvre comme on s’emploierait pour soi-même ; qu’on lui offre non seulement le secours de son argent, mais encore l’appui de sa personne ; qu’on lui prodigue ses conseils ; qu’on n’aspire pas tant à le soutenir momentanément, qu’à le mettre en mesure d’améliorer sa position, en lui fournissant les moyens de se relever de son état d’indigence et quelquefois de chute morale. « Distribuer l’aumône c’est bien, mais prêter aux nécessiteux c’est mieux[4]. Quand tu donnes au pauvre, ne le fais pas de mauvais cœur ; ouvre-lui largement ta main, et soulage-le selon ses besoins ; Dieu te bénira pour cela dans ton travail et dans toutes tes entreprises[5]. Mais il est préférable que tu le fortifies et que tu essaies de l’élever jusqu’à toi pour le faire vivre de ta vie propre, vie de probité, d’activité, de lutte, vie d’honneur et de dignité. C’est pourquoi, prête-lui de l’argent pour qu’il puisse racheter et cultiver de nouveau le champ dont il fut obligé de se déposséder pour donner à

  1. Talmud, traité Baba Bathra. p. 9.
  2. Talmud, traité Haguigah, p. 5.
  3. Talmud, traité Pesachim, p. 113, et Prov., chap. XXI.
  4. Talmud, traité Kidouschin, p. 39. et traité Soukah, p. 29.
  5. Deut., chap. XV.