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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/239

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la seule initiative de la classe dirigeante. Charles Martel favorisa beaucoup l’essor de la nouvelle église : il distribua les évêchés et la meilleure part des bénéfices à ses frères d’armes. Au commencement du VIIIe siècle la suprématie religieuse appartenait aux prêtres d’extraction germaine. Les évêques latinisaient leurs noms : de Wolf ils faisaient Lupus, de Léodegaire Leodegarius ; Donatus, évêque de Besançon, était fils du comte Waldelen. Saint Aile (Agilis) avait pour père le comte Agnoald. Romaric fonda Remiremont. Les évêques germains ne gardèrent franchement leurs dénominations tudesques que lorsque leur entourage, leurs clercs, leurs chanoines furent germains comme eux. La bataille de Vincy (717), qui ruina le royaume gallo-romain de Neustrie, consomma également la chute de l’église de saint Éloi et saint Ouen. C’est à partir de 717 qu’on voit se dessiner cette aristocratie laïque, dont les aînés dominent le sol tandis que ses puînés envahissent le sanctuaire. La féodalité n’a poussé de si profondes racines que grâce à sa double omnipotence temporelle et spirituelle.

Si de l’histoire générale il descend à l’histoire du Velay, le chercheur rencontre chez nous la même révolution ecclésiastique. Comme dans les autres contrées de la Gaule, nos premiers évêques, missionnaires de l’Évangile, sont latins, l’un d’eux, au moins, grec. Georges est un nom hellénique. Ce glorieux apôtre nous vint de la Grèce d’Asie, comme les fondateurs de l’Église de Lyon, saint Pothin et saint Irénée. Les successeurs de saint Georges, sous les empereurs chrétiens et sous les rois mérovingiens, portent des noms de provenance latine… Marcellinus, Eusebius, Paulianus, Evodius, Scrutarius, Faustinus, Benignus, Agrippanus, Dulcidius. Ces prélats sortent évidemment des familles sénatoriales établies en Gaule avant Jules César. Le clergé vellave résista longtemps à l’absorption de la conquête. L’élément gallo-romain garda jusqu’au VIIIe siècle la prééminence dans les cloîtres et dans les basiliques du pagus vellave. À l’exemple de toute l’Aquitaine et surtout du Midi, le Velay fut d’abord réfractaire à l’esprit d’outre-Rhin : le contact ger-