Aller au contenu

Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
note sur les évêques du puy

manique ne fit que l’effleurer au début et il garda une longue fidélité à la tradition latine. Toutefois demeura-t-il complètement en dehors de l’antagonisme qui divisa le monde religieux des VIe et VIIe siècles ? Le clergé gallo-romain et le clergé franc ne se livrèrent-ils point bataille en notre église ? Un fait, inaperçu jusqu’à ce jour, laisserait croire à l’existence en Velay de deux partis cléricaux. Certaines de nos paroisses adoptèrent pour patron Léodegaire, saint Léger, le chef de la réaction franque, tandis que d’autres paroisses prirent pour vocables des saints et saintes du parti gallo-romain, saint Préjet, par exemple, l’un des héros du clergé autochtone, dont Avitus, saint Rémy, saint Éloi, saint Ouen restent les types légendaires. Dans ces mutuelles préférences il y a l’indice frappant, on serait tenté de dire la preuve des luttes intestines, qui, à partir de Chilpéric et de Frédegonde, scindèrent en deux factions ennemies l’Église des Gaules.

L’indice que nous signalons (indice précieux en vérité, et dont il est difficile de négliger l’importance quand on traite d’une période où le document se tait d’une manière absolue), cet indice arrive à la certitude, dès que l’on voit, à une époque voisine de la bataille décisive de Vincy, Higelric s’asseoir (732) sur la chaire d’Evodius et d’Agrippanus. Pour Higelric, il n’y a pas de doute. C’est bien un fils de baron, ou tout au moins un membre de la classe libre et supérieure. L’avènement de cet évêque est-il un fait isolé ? Non. À part Basile, successeur immédiat d’Higelric, tous ceux qui viennent après 732 portent des noms germaniques : Torpio, Ronce, Dructan, Harduin, Guy, Norbert, Adalard, Hector, Gotteskalk, et la série ne s’arrête plus. Qu’en conclure, sinon qu’avec Higelric la noblesse franque agit en Velay comme dans toutes les Gaules ? Les vainqueurs ne veulent plus laisser aux vaincus le monopole sacerdotal. Le baronnage, maître du sol, veut devenir maître du sanctuaire. L’évêché du Puy, avec ses privilèges temporels et sa primauté religieuse, passe aux mains des détenteurs du pouvoir ; mais doit-on en induire qu’en s’assimilant l’église vellave,