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de culture, non compris l’engrais, qui est un objet essentiel. On trouve aussi de grandes ressources dans l’éducation des autres bestiaux, des cochons et des veaux principalement. La montagne fait des élèves en tout genre ; c’est son commerce capital : On y nourrit et engraisse les cochons avec de l’avoine et des pommes de terres, dont mangent beaucoup aussi les hommes[1]. On y fait beaucoup de beurre et de fromage, cette dernière denrée se vend en gros dans les foires du pays, et s’exporte au loin. On mène les bœufs en état de servir dans le pays de culture, d’où l’on ramène les veaux pour les engraisser. On tue sur les lieux tout ce qu’on consomme ; chaque particulier, à tour de rôle, partage et s’arrange avec ses voisins : on ne mange que du pain de seigle, mais aussi blanc et aussi bon que celui de froment ; les eaux y sont légères, l’air y est excellent ; il y a peu de fruits. Le pin et le frêne dominent parmi les arbres et l’on ne voit point de vignes depuis Saint-Chamond jusqu’aux environs du Puy.

Yssingeaux est encore sur cette route, à trois lieues de Monistrol et quatre du Puy : lieues comme les précédentes dont une en vaut deux de Paris. Il s’y fabrique également des blondes en quantité, pour le compte des marchands du Puy.

Aux approches de cette capitale, on traverse la Loire sur un long et beau pont neuf qui indique le projet d’y faire passer

  1. La culture de la pomme de terre est relativement ancienne dans nos montagnes. Il y a tout lieu de croire qu’elle s’y introduisit vers la fin du XVIIe siècle. D’après les réponses envoyées en 1760 par les curés du diocèse du Puy à Dom Bourotte chargé par les États du Languedoc de la description géographique et historique de cette province, l’on voit que ces tubercules formaient depuis longtemps la principale nourriture des habitants de la région montagneuse de notre pays. D’après le curé Cavard, « depuis nombre d’années les trufolles sauvaient, à Saint-Front, la vie à la plus grande partie des habitants, à cause de la disette du blé qui y arrive fort souvent. » La pomme de terre était encore cultivée en d’autres lieux : principalement à Chaspinhac, à Saint-Maurice-de-Lignon, à Saint-Victor-Malescours, à Tence, à Dunières, à Freycenet-Lacuche, etc. (Bibliothèque nationale, Fonds de Languedoc, t. XVI.)

    À cette époque, le quintal de pomme de terre pesant 100 livres, poids de Montpellier, valait environ de deux livres à deux livres deux sols.