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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/124

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variétés historiques et biographiques

une grande route. Là, s’ouvre un vaste bassin, dont le bas en prairies ou terres en bonne culture, et les coteaux couverts de vignes, d’arbres fruitiers, de maisons de plaisance et autres, annoncent un pays où l’argent circule et donnent des points de vue agréables.

La ville, cachée de ce côté par un monticule, ne se découvre que lorsqu’on y entre : elle est bâtie comme d’autres petites villes du fond de la province, et très en pente, mais peuplée d’environ vingt-cinq mille âmes[1].

Son commerce est tout en blondes et en dentelles communes, branche sur laquelle la première s’élève tous les jours d’une manière triomphante. Les soies se tirent de Lyon et sont connues sous le nom de grenades et grenadines : il y en a du pays et du Piémont, ces dernières coûtent le moins.

Le Puy, déjà riche, le deviendra davantage par les routes qu’on y coupe : déjà le transport des sels pour l’Auvergne se fait par cette voie et beaucoup de voituriers la préfèrent à d’autres.

Les fonds des environs de la ville sont très chers ; ils abondent en légumes, parmi lesquels les lentilles sont fort renommées. On y récolte un petit vin blanc mousseux, qui voudrait singer le champagne ; le rouge y est bien médiocre.

Il était foire au Puy, le jour que j’y suis arrivé : les bestiaux et beaucoup de cuirs verts en formaient le principal objet. Le champ de foire, belle prairie devant la ville, appartient à la commune, après que l’évêque en a récolté la première herbe[2].

Après, en avant les rochers de Corneille et de Saint-Michel, le premier appuyant la cathédrale et la ville d’un côté, l’autre, absolument isolé, très escarpé, et tous les deux fort élevés, il faut voir la cathédrale, l’édifice le plus et le seul remarquable, célèbre par sa fondation, sa construction et sa noire Madone,

  1. Cette évaluation est certainement exagérée. Le Puy ne contenait alors que 18,500 habitants environ.
  2. La prairie du Breuil, aujourd’hui la place de ce nom et le Fer-à-Cheval.