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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/435

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des séances

M. Capellaro est né à Paris de parents italiens, croyons-nous ; il fréquenta l’atelier de David d’Angers, et se livra surtout à la pratique des œuvres des grands maîtres de son temps ; il travailla notamment pour MM. Rude et Duret. C’est dans ses ateliers qu’ont été agrandis, pour la fonte, les petits modèles des statues de la fontaine monumentale du Puy, modelés par M. Bosio, neveu, sur les dessins de l’architecte Félix Pradier, notre regretté compatriote.

M. Capellaro n’est pas seulement un praticien habile, car il a fait admettre plusieurs fois, aux salons de Paris, des œuvres portant sa signature, et a même obtenu, à l’exposition de 1866, une médaille de troisième classe.

En 1870-1871, il prenait une part active à l’insurrection communale de Paris, et, pour ce fait, fut déporté à Nouméa. Après l’amnistie, il vint reprendre ses anciennes occupations artistiques.

La statue : Le laboureur du temps de Virgile a été inspirée au sculpteur par des vers du poète latin que l’on a traduits ainsi : Viendra un jour, où, dans ces tristes contrées, le laboureur, en ouvrant la terre avec le soc de la charrue, rencontrera des dards rongés par la rouille, ou, de son pesant rateau, heurtera des casques vides, et contemplera avec effroi, dans les tombeaux entr’ouverts, de gigantesques ossements[1].

La statue est assise sur un fragment de rocher recouvert d’une peau, le torse ployé en avant. Le bras droit, sur lequel s’appuie la tête, est accoudé sur la cuisse. Sur la jambe gauche, un peu allongée, repose le bras du même côté, tenant un crâne dans la main. La tête, couverte d’un pétasus à bords très étroits, est légèrement inclinée vers ce crâne qu’elle semble contempler.

Pour le torse de cette statue, l’artiste semble s’être rappelé le célèbre fragment de sculpture antique que possède le musée du Vatican, et que Michel-Ange, vieux et aveugle, palpait avec admiration ; mais le torse de notre statue est loin d’avoir le caractère de force et d’élégance de l’antique qui l’a inspiré ; en effet, bien que les muscles en soient saillants et fortement accusés, ils sont trop arrondis et manquent de méplats.

Les jambes et les bras, évidemment faits d’après un modèle

  1. Virgile. Géorgiques. Livre I.